Mémoire de recherche : l’espace sportif français face aux violences sexuelles

Le sport français a été marqué en 2020 par la publicisation de nombreux cas de délits et crimes sexuels. En pointant la dimension systémique des violences et l’existence de failles à plusieurs niveaux de gouvernance, l’espace médiatique s’affirme comme lieu central de diffusion de discours en rupture avec la « loi du silence » imposée dans l’espace sportif. Inscrit dans le champ de la géographie féministe, ce mémoire interroge l’impact de la diffusion publique de ces discours sur le déploiement d’un modèle spatial de lutte contre les violences sexuelles.

Pour cela, plus de 1000 articles de presse évoquant les « violences sexuelles dans le sport » publiés en France entre 1990 et 2020 ont été identifiés et analysés. Des entretiens semi-directifs ont aussi été réalisés avec des actrices et acteurs des institutions sportives. Si l’accroissement des discours critiques dans la presse française est à l’origine d’une prise en compte généralisée du phénomène par les instances à partir de 2020, la lutte contre les violences sexuelles reste encore dépendante de la volonté politique des responsables des institutions sportives. D’une fédération sportive à l’autre, les échelles et modalités d’organisation varient donc fortement.

Il semble que seule une gouvernance multiscalaire, collaborative et coordonnée – liant prévention, traitement explicité des signalements et suivi psycho-social des personnes impliquées dans les affaires – est envisageable pour permettre une lutte efficace contre ce phénomène. Les entités spatiales sont actuellement insuffisamment articulées, à la fois au sein de l’espace sportif (entre le Ministère, le CNOSF, les fédérations et leurs déclinaisons territoriales) et au-delà, faute de liens forts avec les mondes judiciaire, universitaire, de la santé et de la protection de l’enfance.