
L’auteur
Grégoire QUELAIN
Géographe féministe, spécialisé sur les questions de violences, de sexualités et de sport.- Tweets by @GregQuelain
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Si le système terrestre repose naturellement sur une alternance de périodes de glaciations et de réchauffements, expliquée notamment par les variations d’intensité du Soleil et la géodynamique terrestre (on peut penser principalement à la tectonique des plaques), l’activité anthropique a profondément bouleversé cette périodicité biophysique. Le dérèglement climatique est d’origine anthropique et aux conséquences d’ores et déjà dramatiques.
Le Global Change, ou changement climatique global, c’est l’ensemble des modifications majeures engendrées à l’échelle planétaire aussi bien par les activités anthropiques que les évolutions biophysiques naturelles.
La hausse des températures engendre une fonte de la cryosphère (de l’eau à l’état solide) plus importante. La fonte de la cryosphère qui est ainsi marquée tant par l’accélération de la fonte des banquises, que par la rétractation et la diminution de l’épaisseur des glaciers entraîne alors une baisse de l’albédo, c’est-à-dire de la part des rayonnements solaires qui sont renvoyés dans l’atmosphère. Autrement dit, la baisse de l’albédo entraîne une absorption plus forte des rayonnements solaires : les gaz à effet de serre sont conservés à la surface terrestre, provoquant dès lors une hausse des températures et un réchauffement global. La boucle poursuit alors son fonctionnement, conduisant à une hausse toujours plus élevée de ces températures.
En parallèle, on observe également une conquête plus importante de la végétation, entraînant une évapotranspiration de la flore plus importante, libérant et augmentant ainsi la concentration en gaz à effet de serre. Là encore, cela conduit à une augmentation globale des températures.
Deux phénomènes connexes contribuent donc à la hausse des températures : d’une part, la libération plus forte de gaz à effet de serre, et de l’autre, une capacité affaiblie à renvoyer les rayonnements solaires dans l’atmosphère.
Si le réchauffement planétaire est un phénomène naturel, c’est la vitesse de réchauffement qui inquiète.
En effet, lors de la dernière période de réchauffement planétaire, les températures ont augmenté de 6° en l’espace de 10 000 ans, soit une moyenne d’un degré tous les 1600 ans. Or, dans la période actuelle, l’augmentation est d’un degré en 100 ans. Les conséquences sont d’ores et déjà dramatiques faisant du changement de nos pratiques une nécessité absolue.
Les émissions de gaz d’origine anthropique aussi bien liés aux processus de combustion fossile (pétrole, charbon), à la diminution des surfaces forestières ou encore aux modes de traitement des terres agraires, sont d’une ampleur sans précédent et responsable de dérèglements terrestres irréversibles. La consommation des ressources naturelles augmente elle aussi à une vitesse effrénée et non viable, impactant plus encore les écosystèmes planétaires.
Il faudrait à l’heure actuelle 2,7 planètes pour supporter les usages actuels de la population mondiale si tout le monde vivait comme la population française.
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Ainsi, les humains ont profondément bouleversé les cycles habituels, les forçages astronomiques et biophysique naturels, faisant finalement de l’humanité une force géophysique à part entière.
Cela s’explique par plusieurs processus à commencer par l’accroissement naturel et par l’instauration et la diffusion du capitalisme, système reposant sur le productivisme et sur le consumérisme, en augmentant la consommation et en transformant les modes de production… quitte à détruire la planète pour y parvenir.
Les perturbations engendrées par le dérèglement climatique menacent de manière diverses et de plus en plus prononcée aussi bien la santé et la vitalité des écosystèmes et de la biodiversité terrestre, que le bien-être et la santé de l’humanité. On peut notamment évoquer :
Face aux problèmes planétaires causés par ce dérèglement climatique d’origine anthropique, il est donc nécessaire de modifier en profondeur nos modes de vie. Deux axes doivent être assurés : la neutralité carbone et la protection des écosystèmes terrestres et maritimes.
La neutralité carbone
C’est l’idée de parvenir à un équilibre permettant de contrebalancer les émissions de gaz à effet de serre par la captation de ces émissions. Autrement dit, il faut limiter l’émission de CO2 et méthane aux capacités d’absorption dont la planète dispose. Ainsi, si 1 tonne de méthane est rejetée par des ruminants élevés sur un territoire et 1 tonne de CO2 émise par des déplacements en avion, il faut être en mesure de capter, de retenir ces 2 tonnes de gaz, de les retenir pour limiter leur impact sur l’atmosphère.
La protection des écosystèmes et de la biodiversité
Il est en cela nécessaire de protéger les espèces animales et végétales mais aussi d’agir sur la protection des terres, cours d’eau et océans. On peut notamment penser aux écosystèmes coralliens qui représentent 0,2% des océans mais 25% des espèces marines vivantes et dont la superficie a diminué de 20% en 40 ans.
La situation est critique, il a urgence, et on a toutes et tous un rôle à jouer.
En France, les transports sont le principal facteur d’émission de gaz à effet de serre (31% soit 136 M de tonnes), et notamment l’usage des 38 millions de voitures particulières (53% de ces émissions).
Aujourd’hui la moyenne d’émission de gaz annuelle à l’échelle mondiale est de l’ordre de 6,9 Tonnes de CO2 émises par personne. Mais cette moyenne cache d’importantes variations en fonction des territoires et personnes concernées. En effet, les 10% des plus riches sont à eux seuls responsables d’environ 40% des émissions : leur potentiel d’action, de réduction d’émission est donc d’autant plus fort.
Plus encore, pour parvenir à une action efficace d’atténuation du dérèglement climatique, les financements vers les solutions pour l’avenir devraient être 3 à 6 fois plus importants qu’ils ne le sont aujourd’hui. Il est également important de souligner que les énergies viables ont vu leur coût fortement diminués ces dernières années à l’image de l’énergie solaire ou de l’éolien, baissant respectivement de 85% et de 55% en une décennie.
Enfin, le GIEC a mis en exergue le fait que l’inaction climatique, la conservation du modèle consumériste et capitaliste actuel, coûte plus cher que les coûts des mesures pour permettre d’atténuer les émissions et leurs conséquences. Alors, le constat est là. Les solutions sont là. Il n’y a plus qu’à.
Grégoire QUELAIN
Géographe féministe, spécialisé sur les questions de violences, de sexualités et de sport.