Défendre une approche préventive des violences de genre

Dans une tribune publiée ce jeudi, le chercheur Florian Vörös explique en quoi il est central d’opter avant tout pour une approche préventive plutôt que répressive des violences sexuelles. Une conception que je partage également. Explications.

La Dimension systémique des violences de genre

Grâce aux recherches et aux rapports publiés depuis de nombreuses années, la dimension systémique des viols est désormais bien établie. Ces crimes* et délits** sont en effet présents dans tous les sphères sociales, utilisée non seulement comme une arme en temps de guerre (ONU, oct. 2024), mais aussi hors zone de conflits. Selon l’OMS (2021), 35% des femmes indiquent avoir été exposées à des faits de violences physiques ou sexuelles. Des chiffres qui sont corroborés par les études scientifiques.

Plus largement, la prévalence de ces violences rend compte du fait qu’elles sont très majoritairement commises par des hommes connus par leur(s) victime(s).

A date, les violences les plus rapportées concernent des victimes mineures et de sexe féminin. Le bilan 2023 de la lutte contre les violences sexuelles dans le sport français détaille ainsi que 90% des faits dénoncés à la cellule Signal-Sport concernent des violences sexuelles, ayant dans 81% des cas une victime de sexe féminin et dans 77% des situations une victime mineure (un tiers du temps moins de 15 ans).

Vers une approche préventive des violences

La réponse institutionnelle apportée aux violences basées sur le genre est aujourd’hui inadaptée, ou du moins insuffisante. L’approche privilégiée repose en effet sur la répression plutôt que la prévention, ce qui constitue « 𝑢𝑛𝑒 𝑖𝑚𝑝𝑎𝑠𝑠𝑒 𝑞𝑢𝑖 𝑐𝑜𝑛𝑠𝑖𝑠𝑡𝑒 𝑎̀ 𝑟𝑒́𝑝𝑜𝑛𝑑𝑟𝑒 𝑎𝑢𝑥 𝑣𝑖𝑜𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒𝑠 𝑚𝑎𝑠𝑐𝑢𝑙𝑖𝑛𝑒𝑠 𝑜𝑟𝑑𝑖𝑛𝑎𝑖𝑟𝑒𝑠 𝑝𝑎𝑟 𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑜𝑙𝑒𝑛𝑐𝑒 𝑝𝑎𝑡𝑟𝑖𝑎𝑟𝑐𝑎𝑙𝑒 𝑑𝑒 𝑙’𝐸𝑡𝑎𝑡 » (F. Vörös).

Or comme le souligne Florian Vörös dans sa tribune, la principale explication de la persistance des violences sexuelles, et plus largement de genre, et de leur ampleur « 𝑢𝑛𝑒 𝑠𝑜𝑐𝑖𝑎𝑙𝑖𝑠𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑎̀ 𝑙𝑎 𝑣𝑖𝑟𝑖𝑙𝑖𝑡𝑒́ ℎ𝑒́𝑡𝑒́𝑟𝑜𝑠𝑒𝑥𝑢𝑒𝑙𝑙𝑒, 𝑒𝑙𝑙𝑒-𝑚𝑒̂𝑚𝑒 𝑓𝑎𝑣𝑜𝑟𝑖𝑠𝑒́𝑒 𝑝𝑎𝑟 𝑢𝑛 𝑒𝑛𝑣𝑖𝑟𝑜𝑛𝑛𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑐𝑢𝑙𝑡𝑢𝑟𝑒𝑙 𝑝𝑎𝑡𝑟𝑖𝑎𝑟𝑐𝑎𝑙 ».

Aussi, si nous souhaitons une véritable prise de conscience des violences de genre, cela nécessite de modifier nos rapports sociaux en profondeur : les interroger, les déconstruire, les reconstruire.

Il y bien en cela, une urgence à proposer et défendre une approche d’abord et avant tout préventive plutôt que répressive, violente et à retardement, pour contrer efficacement ces violences, aux conséquences traumatiques bien trop lourdes.

Cela nécessite, aussi bien un engagement réel de bien plus d’hommes dans ce combat, à commencer par les hommes à des postes de responsabilité (sphère politique, entreprises…) que par un soutien idéologique et matériel aux services publics, au tissu associatif féministe et aux recherches en sciences sociales sur les rapports de genre.

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Bibliographie

• MJSOP. (2024, 21 mars). Bilan d’activité 2023 en matière de lutte contre les violences sexuelles et sexistes dans le sport. Site internet du Ministère chargé des Sports.
• OMS. (2021). Violence à l’encontre des femmes Site internet de l’Organisation Mondiale de la Santé.
• ONU. (2024, 23 oct.). « Un traumatisme qui résonne à travers les générations » : l’ONU dénonce l’utilisation de la violence sexuelle comme arme. ONU Info.
• Quelain, G. (2021). L’espace sportif français face aux violences sexuelles. Mémoire de Master 2 en géographie, Paris, Sorbonne Université.
• Vörös, F. (2024, 06 nov.). « La violence sexuelle ne s’explique par seulement par un manque d’éducation, mais aussi par un manque d’intérêt et d’engagement des hommes », Le Monde.