Les inégalités régionales en France au prisme du mouvement olympique

Les inégalités régionales sont un facteur clé d’analyse géographique. Il est ici proposé une cartographie des inégalités socio-spatiales entre les régions françaises à partir du mouvement olympique. Le défi de réalisation consistait à apporter une infographie caractéristique et représentative de la situation réelle des différentes nouvelles régions françaises – fixée par la loi NOTRe – au sein du plus haut niveau sportif français. La priorité a donc été portée sur les acteurs, les événements et les espaces de pratiques sportives olympiques en France.

Pôles et marges de l’olympisme français

L’infographie cartographique révèle de fortes inégalités régionales entre d’une part des régions polarisant acteurs, structures et sites olympiques et d’autres part des régions en marge en premiers lieux desquels la Corse et les régions d’outre-mer, dont trois – la Martinique, la Guyane et Mayotte – ne bénéficient toujours pas de Comité régional olympique et sportif (CROS), organe décentralisateur du CNOSF, comité national olympique et sportif français, et révélateur d’un manque d’ambition régionale ou d’un manque de moyens pour investir dans le sport dans ces régions-là.

A l’inverse, se trouvent donc des pôles moteurs du dynamique olympique français, et notamment l’Île-de-France, région accueillant l’ensemble des sièges des institutions sportives d’envergure nationale, terre de l’INSEP, principal centre d’entrainement multisport olympique en France et territoire d’accueil des Jeux Olympiques (et Paralympiques) d’été en 2024 mais également la région Auvergne-Rhône-Alpes, laquelle ayant également accueilli les Jeux olympiques (d’hiver pour sa part), accueillant les sièges de deux fédérations, région la plus dotée en infrastructures sportives et lieu d’entrainement et de vie de plus de 500 athlètes de haut-niveau.

Des inégalités régionales marquées par des ancrages locaux

Plus généralement encore, cette cartographie régionale du sport olympique français révèle une scission entre un nord-ouest peu investi sur le sport de haut-niveau olympique et un sud-est particulièrement dynamique. Cela peut notamment se traduire par différentes visions régionales du sport-système, la Bretagne investissant par exemple davantage sur l’accès au sport pour toutes et tous quand la stratégie rhône-alpine est avant tout tournée vers le sport de haut-niveau.

Le croisement des données actorielles, structurelles, institutionnelles et des sites d’accueil des jeux olympiques montrent également des variations sportives et des ancrages spécifiques, à l’instar de la FF Surf, implantée sur la côte aquitaine afin de mettre en avant et de profiter des espaces maritimes propices au développement de ses activités sportives tout comme cela se traduit par l’implantation de la FF Ski au sein de la région alpine.

Ce qu’il faut retenir…

Cette cartographie et ses résultats témoignent de la pertinence d’étudier l’olympisme à l’échelle régionale comme révélateur des inégalités régionales. Il pourrait cependant être intéressant de traitement ce même phénomène à une échelle départementale pour voir les variations existant au sein mêmes des régions, (ex. interrogations des déterminants physiques pour le surf en NA).

Certaines limites subsistent cependant notamment la non-prise en compte du paralympisme, dû à un manque de données existantes. Ce manque de données est d’ailleurs régulièrement souligné par les instances paralympiques françaises. De plus, l’absence de regard sur des variables internes plus précises (ex. sexe, âge), est un point d’amélioration.

Le choix des sites olympiques pour les futurs JOP de Paris 2024 à laquelle s’ajoute la labellisation de nombreux territoires français en vue des JOP (label « Terre de Jeux ») témoigne d’une politique nationale prenant en compte ces inégalités régionales à partir d’un événement régional voir parisien. Tahiti, sélectionnée la semaine dernière pour accueillir les épreuves de surf en est un symbole fort. Reste à savoir si ces JOP parviendront à réduire ces inégalités sportives régionales ou au contraire renforceront la tendance actuelle.