Le tourisme au prisme de l’espace virtuel

Le virtuel face au tourisme

La virtualisation interroge de manière directe les processus liés au tourisme, les dynamiques touristiques contemporaines. Si le virtuel agit sur le processus de touristification de par une influence des images touristiques et plus largement une mise en imaginaire des territoires touristiques, en revanche sa touristicité reste limitée. 

Le virtuel questionne la définition du tourisme

Le virtuel remet en question la définition géographique du système touristique. Mettant en jeu de nouvelles pratiques immatérielles de territoires pourtant matériels, activant des liens entre acteurs classiques du tourisme et néo-touristes, le virtuel peut-il alors être considéré comme un déplacement hors des lieux du quotidien ? Comme un “moment de lieux” (équipe MIT) touristique spécifique et détaché de l’ordinaire.

La réponse semble se trouver dans la négative, l’accès au virtuel pouvant se faire depuis son “chez-soi”, or quoi de plus ordinaire et quotidien que son domicile ? Plus encore, cela pose la question de pratiques touristiques sans territoire. Là encore, l’expérience immatérielle ne peut se prévaloir de restituer de manière pleine et entière la pratique spatiale et matérielle des lieux touristiques.

Le besoin réaffirmé de territoires

Cependant, s’il met en tension la conception “classique” du tourisme, le processus de virtualisation possède également ses atouts, notamment en période de COVID-19 et de confinement, où les restrictions de déplacements sont nombreuses. Le “tourisme virtuel” permet en effet au monde touristique d’exister, parfois en attente d’une pratique territoriale, parfois en explorant de nouveaux territoires (touristiques). 

Finalement, et c’est peut-être l’une des conclusions les plus significatives, le virtuel derrière son aspect déterritorialisant contribue in fine une véritable reterritorialisation des pratiques touristiques.  Si le virtuel est une adaptation importante dans la mise en tourisme des territoires, il ne peut en revanche remplacer l’expérience authentique et réelle des territoires et des deux processus qui y sont directement liés : la mobilité et l’habiter. C’est en effet une recherche absolue de pratiques sensorielles.

Le principe de mobilités du tourisme est donc bien réaffirmé et c’est la question de l’échelle touristique qui est centrale. En effet, pendant la crise sanitaire, la majorité des touristes ont privilégié le local – par choix ou par restriction -, ont privilégié une expérience réelle plutôt qu’un “voyage virtuel”. Cette analyse multiscalaire, base du travail géographique, est donc l’une des perspectives centrales du tourisme de demain autour de la question de l’échelle des pratiques touristiques post-CoViD-19.

Ainsi, la crise actuelle auquel fait face le tourisme et qui amène à une virtualisation (échelle micro-locale) et une relocalisation des pratiques touristiques (échelle locale) après une très large mondialisation touristique (échelle macro) constitue-t-elle une expérience durable ou cette relocalisation est-elle momentanée ?